L’insoumise de l’île Bourbon


Hélène Deboisvilliers voit le jour en 1775 sur l’île Bourbon, au sein d’une famille de grands propriétaires terriens, producteurs de café. Elle aurait pu être heureuse si un drame n’avait pas accompagné sa naissance. Cet évènement l’amènera au croisement de deux mondes que tout oppose : celui des colons et celui des esclaves. Après une enfance tumultueuse passée à « La Providence », entourée de sa grand-mère Mathilde, à qui elle voue une profonde affection, de sa nourrice Sélisse, et de son amie Mady, elle rencontre Raphaël, qui devient son précepteur. Il lui fait découvrir les écrivains du siècle des Lumières, en même temps que ses premiers émois amoureux. Elle se prend de passion pour ce mouvement intellectuel, et n’a de cesse de s’impliquer, pour éveiller les consciences, dans l'espoir que l’être humain soit davantage respecté. Mais son engagement est si grand, qu’elle sombre elle-même dans un profond désarroi. Un soutien inattendu lui permettra de retrouver un regain d’énergie et de combativité, pour voir le rêve de sa vie se réaliser.

Un roman qui vous emporte sur l’île de La Réunion, pour vous faire découvrir sa culture, ses paysages, ses parfums, ses couleurs… mais aussi une partie de notre histoire. Un voyage émouvant qui vous invite à poser un regard sensible sur l’humanité.


Titre : L’insoumise de l’île Bourbon
Auteur : Karine Sauvarie
Catégorie : Roman 
ISBN-10(13) : 9782955892701
Edition : Karine Sauvarie
Date publication : décembre 2016
Nombre de pages : 416
Langue : Français
Prix : 19 €


Extraits

Chapitre XI : Mady ne répondit pas. Elle s’approcha du large brasier d’où s’échappaient par endroits quelques hautes flammes. Son corps tout entier ondulait aux rythmes du bobre(1) et des tam-tams. Le rouler(2) entraînant relançait la cadence, tandis que sept jeunes gens la rejoignaient. Hélène qui s’était assise tout près du foyer, observait son amie en silence… Sa silhouette, fine et musclée, se trémoussait langoureusement. Sa peau noire, satinée, éclairée par le feu, scintillait comme si elle avait été enduite d’une poudre d’or. Ses petits seins ronds tressautaient en même temps qu’elle se tortillait, et ses mains ouvertes, paumes vers l’extérieur, semblaient rejeter les entrailles de la nuit. En rentrant chez elle, Hélène eut à nouveau la sensation de perdre son amie, probablement parce qu’elle avait encore changé. Depuis la naissance de son fils, Mady se montrait plus résignée que jamais, trop occupée à lui consacrer le peu d’énergie qu’il lui restait [...]

Chapitre XIII : Encore anéantie, Hélène tenta, cependant, de tenir son engagement. Elle suivit la trajectoire que Cécile lui avait indiquée, longeant une multitude de petites ravines, marchant sur de gros blocs de pierre. Au bout de trois quarts d’heure, elle entendit enfin les bruits de la ville. Il ne lui restait qu’un dernier groupe d’arbres à traverser pour se retrouver au milieu d’une foule grouillante qui allait sûrement poser un regard inquisiteur sur son corps maigre, sale, et presque dénudé. Les guenilles qui la recouvraient allaient forcément attirer l’attention des citadins. A cette idée, son cœur se mit à palpiter de plus en plus fort. Alors même qu’elle sentait ses poumons se comprimer, qu’elle cherchait son souffle, une panique l’envahit. Soudain, elle entendit une carriole et des chevaux franchir une route. Accélérant le pas, elle se précipita sur le chemin encombré. Avec stupeur, elle se tourna, se retourna en tous sens, redécouvrant la ville et ses chaos, le mouvement incessant des badauds et des commerçants trop occupés à leurs activités pour s’inquiéter de sa détresse. Comme un sortilège, il lui semblait revivre sa propre mort à chacun des détours de sa vie. Finalement, elle prit une grande inspiration et décida d’être forte. Elle s’avança dans les rues de Saint-Denis, sans se préoccuper des regards qu’elle croisait. Les routes formaient un quadrillage bordé de bâtiments administratifs, de maisons coloniales et de diverses boutiques. Ne sachant pas où aller, elle finit par s’accroupir contre un petit muret, examinant, l’air hagard, les multiples allées et venues des riverains.[...]
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(1) Le bobre est l’ancêtre de la guitare à la Réunion, il est composé d'une corde d’aloès tendue au-dessus d’une calebasse faisant office d’amplificateur.
(2) Le rouler est un gros tambour frappé à deux mains sur lequel l’exécutant est assis à cheval : ce qui permet de modifier la tension et donc le timbre en se servant de l’un de ses pieds.